Le reconditionnement de smartphone: la solution au coût écologique des iPhones

Le smartphone est passé en une décennie d’innovation haut de gamme à produit de consommation de masse. Parmi les utilisateurs français de téléphones portables, près des trois quarts possèdent un smartphone. Si la France est désormais un marché saturé pour les constructeurs, les ventes annuelles se maintiennent paradoxalement à un niveau très élevé. Quoiqu’en légère baisse depuis 2015, elles stagnent toujours aux alentours des 20 millions d’unités vendues par an en France. Pourquoi, alors que nous sommes déjà très bien équipés, continuons-nous à acheter autant de smartphones ?

La réponse tient en grande partie au génie marketing des constructeurs. Les deux leaders des segments haut de gamme que sont Apple et Samsung amènent chaque année de nouveaux modèles toujours plus puissants et perfectionnés. Malgré les prix toujours plus élevés des smartphones haut de gamme, ces « nouveaux » modèles convainquent toujours une partie des consommateurs d’abandonner leur précédent appareil. L’obsolescence « marketing » est ainsi beaucoup plus importante que l’obsolescence matérielle et logicielle. Chaque année, 720 millions de smartphones sont jetés dans le monde, dont une grande partie en parfait état de marche. Les Français changent de smartphone en moyenne tous les 18 mois alors que dans 88% des cas, il est encore en état de fonctionner.

Le principal problème de ce turn-over trop fréquent est que la production d’un smartphone est extrêmement coûteuse pour l’environnement. L’empreinte carbone des smartphones augmente depuis plusieurs générations d’appareils, notamment à cause de l’agrandissement des écrans et des capacités de stockage. Ainsi, l’empreinte carbone totale de l’iPhone X est de 79 kg de CO2 (dans sa version 64 Go) contre 57 kg pour l’iPhone 8 et 68 kg pour l’iPhone 8 Plus, elles-mêmes supérieures aux modèles précédents iPhones 7 et 6S. Les améliorations des dernières générations d’appareils se payent donc chèrement sur le plan environnemental. L’empreinte carbone des smartphones est concentrée sur la phase de production qui concentre, selon les modèles, jusqu’à 80 % de la consommation énergétique. Les recharges quotidiennes (17%) et les coûts de transport (3%) ne comptent que pour 20 % de la facture énergétique.

Données : rapports environnementaux – Apple

Si on analyse plus en détails le processus de fabrication, on découvre que chaque appareil comporte plus de 60 métaux différents. L’association ISF SystExt (Ingénieurs sans frontières – Systèmes extractifs et Environnements) a détaillé les minerais utilisés dans les différentes parties du smartphone. Écrans, batteries, cartes mères et autres composants sont tous réalisés à base de minerais : des métaux communs (étain, aluminum, cobalt…) jusqu’aux terres rares (lanthane, yttrium, néodyme…).

Source : ISF SystExt

Ces métaux rares sont paradoxalement répartis uniformément sur la surface du globe mais exploités quasi-exclusivement en Chine car les normes environnementales y sont très faibles. Les pays occidentaux ont arrêté leurs activités d’extraction à partir des années 1980 car les coûts écologiques étaient trop élevés. Ils ont délocalisé leurs approvisionnement en Chine qui possède en conséquence un grand pouvoir de marché par sa situation de quasi-monopole.

Le coût écologique de l’exploitation des terres rares est considérable. Comme celles-ci sont présentes en très faible densité dans la croûte terrestre, les procédés d’extraction sont plus complexes et d’autant plus énergivores. Suite à l’extraction, les processus de purification des minerais sont également plus nombreux et énergétiquement plus coûteux. Comme les terres rares ont des propriétés similaires, il est plus complexe de les séparer les unes des autres. L’augmentation exponentielle de la demande internationale avec le développement du numérique a poussé la Chine à accroître sa production très rapidement sans se préoccuper des normes environnementales. Au-delà de la consommation énergétique, la pollution des sols et de l’eau est très importante et s’accompagne de conséquences sanitaires terribles. On trouve ainsi, près de Baotou, principal site d’extraction du pays, de véritables lacs de rejets toxiques qui contaminent l’eau et les sols de la région. On y trouve certains des 459 “villages du cancer” que compte la Chine où l’importante concentration du sol en métaux lourds génère des taux de cancer records au sein de la population. A l’échelle du pays, 60% des nappes phréatiques, 30% des rivières et 19% des terres arables sont si polluées qu’elles sont considérées dangereuses pour l’humain. Un Chinois sur sept, soit 190 millions de personnes, boit de l’eau contaminée.

Un lac de rejets toxiques à Baotou. Source : David Gray/Reuters

Même pour l’extraction des autres minerais, les problèmes éthiques sont légion. Pour ne citer qu’un exemple, les « minerais de sang » alimentent des conflits armés, notamment en République Démocratique du Congo. Les deux-tiers des gisements mondiaux de coltan, indispensable à la production des condensateurs de smartphones, sont localisés dans ce pays et notamment dans la région de Kivu, théâtre d’une guerre civile depuis 2004. Sur ces territoires, des groupes rebelles exploitent illégalement les mines en soumettant les populations locales pour financer leurs activités et acquérir des armes. Le très grand nombre d’intermédiaires entre les mines et les constructeurs de smartphones rendent quasiment impossible la traçabilité des métaux.

Comment stopper cette catastrophe environnementale et sanitaire mondiale sans se priver du formidable outil économique qu’est le smartphone ? Parmi les solutions émergentes, le reconditionnement est une des plus prometteuses. Il apparaît nécessaire de prolonger la durée de vie de nos appareils que nous avons artificiellement diminuée en remplaçant nos smartphones plus régulièrement que nécessaire. En parallèle, à l’époque de l’économie circulaire, les cycles de production et les habitudes de consommation doivent sortir du cadre linéaire classique : production d’un produit neuf, utilisation courte et destruction de l’appareil. Le taux de recyclage des téléphones mobiles en France n’était que de 15 % en 2015.

Le reconditionnement de smartphones désigne, sous sa définition la plus étendue, le processus de mise en marché d’appareils de seconde main. Les smartphones d’occasion sont récupérés directement auprès des usagers et revendus sur des plateformes d’e-commerce comme Certideal. Certideal fait passer à ses appareils une large batterie de tests pour s’assurer de leur état de marche. Au cas où certaines pièces ne sont plus pleinement fonctionnelles, celles-si sont remplacées pour garantir leur état de fonctionnement à long-terme. L’état esthétique est également évalué et annoncé en toute transparence au client. Le mobile reconditionné est enfin remis sur le marché à un prix réduit, de 30 % à 70 % moins cher qu’un produit neuf selon son état esthétique. La période de 15 mois de garantie assure au consommateur un produit de qualité qu’il pourra utiliser sur le long terme.

Légende : Un expert Certideal contrôle l’état de marche de la batterie d’un smartphone

Le reconditionnement permet de rallonger au maximum la durée de vie des appareils qui sont trop rapidement abandonnés par leurs acheteurs initiaux, et ainsi d’économiser le processus de fabrication, très lourd sur les plans environnementaux, sanitaires et éthiques.

Au termes de ses liftings successifs, le smartphone passé d’usager en usager finit un jour par ne plus fonctionner. Mais dans une économie circulaire, la fin d’usage ne signifie pas fin de vie. Les composants intacts de l’appareil peuvent être extraits pour servir à leur tour à reconditionner d’autres produits. Les carcasses inutilisables peuvent ensuite être recyclées afin de récupérer des métaux purs qui serviront à fabriquer de nouveaux composants. La revalorisation des terres rares est un procédé complexe et jusqu’à récemment, peu rentable. Néanmoins, les progrès technologiques ainsi que la sensibilité croissante de la société à l’économie circulaire et aux problèmes liés à l’extraction des terres rares ont augmenté les volumes recyclés et génèrent une activité viable. Le recyclage des terres rares permet également de relocaliser en France des activités laissées par le passé à la Chine et ainsi d’atténuer à moyen-terme la dépendance des pays développés.

Il ne tient désormais plus qu’aux consommateurs de se tourner massivement vers le marché du smartphone reconditionné comme ils l’ont déjà fait sur le marché de l’automobile, où près de 75 % des immatriculations sont des véhicules d’occasion. La première action citoyenne est de ne pas laisser dormir chez soi les appareils inutilisés. En 2015, la Fédération française des télécoms estimait à 100 millions le nombre de téléphones inutilisés en France. Ces appareils souvent en état de marche peuvent être revendus à de nombreux acteurs et permettre à leur ancien propriétaire de récupérer une partie de leur investissement. Ces appareils vont alimenter le marché reconditionné et avoir une seconde vie. La deuxième étape de la consommation circulaire est de privilégier les smartphones de seconde main par rapport aux neufs. Ces produits reconditionnés offrent le même niveau de fonctionnalité que les produits neufs et Certideal certifie et garantie ces produits sur des longues durées, ce qui supprime le risque pour les consommateurs d’acquérir un produit défectueux. Comme souvent en matière environnementale, la solution est avant tout dans l’évolution des pratiques de consommation.

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